Leçon apprise d’une histoire de la guerre : Lutter pour le communisme

Traduit de Challenge, le 10 décembre 2014, page 6 

La grande guerre meurtrière a pris fin il y a 96 ans. Il est peut-être impossible de surestimer l’impact de cette guerre sur l’Histoire du monde. Elle était de loin la guerre la plus meurtrière de l’Histoire, jusqu’à cette époque.

Le massacre a horrifié même les nombreux patriotes qui l’avaient anticipée et qui l’avaient célébrée à ses débuts. La grande guerre était purement impérialiste – un massacre capitaliste pour la domination et des colonies. La guerre n’avait aucun but pouvant la compenser sur le plan moral.

Ce n’était pas une guerre pour la « liberté », quel que soit le sens que l’on donne à ce mot, ni pour « l’autodétermination nationale » ni pour mettre fin au colonialisme, ni contre le racisme ou la brutalité. Tous ces concepts cachent le fait que la première guerre mondiale était une guerre impérialiste. De tels prétextes idéologiques ne peuvent masquer le fait que la grande guerre était une guerre pour partager la Terre, une guerre pour et non pas contre la subordination, le colonialisme et la domination.

C’était une guerre entre les « démocraties » -- sur ce point, l’Allemagne n’était pas moins « démocratique » que le Royaume-Uni (tous les deux étaient des monarchies parlementaires), ou, mettant la monarchie de côté, que les Etats-Unis.

La grande guerre a amené des millions de personnes à travers le monde à questionner sérieusement, voire à rejeter le « patriotisme » en tant que prétexte dissimulant le règne de l’impérialisme et du capitalisme.

Cette révulsion massive envers le massacre impérialiste et les souffrances qu’il a apportées à la très grande majorité des peuples du monde était aussi une source d’inspiration pour des progrès social et politique. La Révolution russe et le mouvement communiste international ; le militantisme du syndicalisme ; la certitude qu’il devait être possible de construire un meilleur monde que celui du capitalisme et de l’impérialisme, et de la dévastation qu’ils engendrent.

La grande guerre était un événement riche en leçons puissantes pour nous tous aujourd’hui. Ce n’est pas surprenant qu’elle est négligée et largement oubliée. Ces leçons étaient explosives en 1918 et elles le restent aujourd’hui.

Aujourd’hui, je me souviens de mon grand-oncle George Devine, un ancien combattant et une victime de la grande guerre.

Je ne l’ai jamais connu. Il est parti en guerre à l’âge de 17 ou 18 ans. Il est rentré en 1918 atteint de psychose traumatique, rendu fou par le stress et le choc de la guerre des tranchées. Il ne s’est jamais remis.

Ma mère (décédée depuis) se rappelait de lui, vivant avec elle et ses parents à elle pendant de brèves périodes dans les années 1920. Puis il a dû retourner à l’hôpital géré par le ministère des anciens combattants, à Perry Point dans le Maryland, à cause de blessures cérébrales. Il y a vécu jusqu’à sa mort, le 31 janvier 1941.

Pauvre jeune homme ! Tout son avenir prometteur, gâché pour toujours dès l’âge de 17 ans ! 

Et pas pour défendre son pays, ni pour aucune idéale noble. Pour sauver J.P. Morgan & Sons et d’autres banques états-uniennes, dont les prêts colossaux, accordés au Royaume-Uni, auraient été perdus si l’Allemagne avait gagné la guerre. Ma grand-mère, qui n’avait pas d’autre frère ou sœur, n’a jamais pu parler de son petit frère George sans sangloter. Ne voulant pas lui faire de la peine, nous ne lui avons jamais demandé de parler de lui. Et maintenant il est trop tard, beaucoup trop tard. Aujourd’hui, je me souviens de mon grand-oncle, au 96e anniversaire de la fin de la guerre qui a détruit sa vie.

Cependant, il n’était qu’un parmi les millions de jeunes hommes, et les dizaines de millions d’hommes, de femmes et d’enfants partout dans le monde, dont les vies ont été dévastées par cette terrible guerre impérialiste.

Pour moi, mon grand-oncle George les représente tous – toutes les personnes tuées dans des guerres pour l’exploitation, pour l’enrichissement de quelques-uns aux dépens de plus grand nombre. Et je préfère croire ceci : Tant que je, tant que nous apprenons les leçons de la grande guerre, et que nous nous battons pour un monde de justice, libéré de l’exploitation, libéré du capitalisme, libéré de l’inégalité – mon grand-oncle George, et les millions comme lui tout au long de l’Histoire du terrible vingtième siècle, ne seront pas morts tout à fait en vaine.

Un petit-neveu communiste affectueux