Fin proche dans la grève anti-raciste des sans-papiers
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Traduit de Challenge, numéro du 7 juillet 2010.
Paris, le 18 juin – la grève de huit mois par les plus de 6 000 sans papiers semblait prendre fin aujourd’hui – avec pour résultat l’acquisition de certaines de leurs exigences – mais les travailleurs maintiennent les piquets de grève à divers chantiers et bâtiments publics jusqu’à ce que tous les grévistes auront reçu leurs permis de séjour et permis de travailler temporaires. Ils restent vigilants envers la mise en application des nouvelles mesures. Nous félicitons les travailleurs pour avoir mené une lutte anti-raciste et militante aussi longtemps contre le gouvernement raciste de France.
Le fait même qu’ils ont fait grève en tant que sans-papiers est en lui-même une victoire énorme. Cela montre à la classe ouvrière internationale que partout dans le monde les travailleurs immigrés peuvent livrer une telle lutte et qu’ils devraient être appuyés par tous les travailleurs. Un élément clé dans la conduite de la grève était le développement de l’unité multiraciale, notamment entre des travailleurs d’origines africaine et chinoise, ce qui a donné aux travailleurs la combativité dont ils avaient besoin pour l’occupation « illégale » des chantiers et plus récemment de la Place de la Bastille.
Le PLP a indiqué à maintes reprises que, tant que le patronat arrive à diviser les travailleurs en définissant certains comme « illégaux » parce qu’ils ont traversé des frontières créées par les capitalistes – ce qui permet au patronat de les surexploiter et de les employer contre les travailleurs natifs – cela affaiblira la classe ouvrière toute entière. C’est pourquoi le PLP dit que les travailleurs devraient « Abolir Toutes les Frontières » -- ce que l’on ne peut accomplir que par une révolution communiste qui élimine tous les patrons et toutes les frontières.
Alors que les grévistes ont réussi à obliger le gouvernement à adopter des conditions uniformes pour leur « régularisation », le maintien des « conditions » différencie toujours ces immigrés des travailleurs natifs de la France. Comme le dénouement de beaucoup de luttes réformistes des travailleurs sous le capitalisme, celle-ci est un compromis. Cependant, avec le leadership communiste, elle peut devenir un tremplin pour la poursuite de la lutte, avec pour but l’abolition des frontières capitalistes.
Les grévistes – pour la plupart des immigrés d’Afrique, mais aussi de Chine – ont obligé le gouvernement à admettre que les 250 préfets de la France abusent de leurs pouvoirs arbitraires. Les « préfets » sont des agents directs du gouvernement national au niveau local et ils ont beaucoup de pouvoirs de police qu’ils utilisent pour favoriser les patrons qui font des courbettes devant eux. Les sans-papiers ne pouvaient être « régularisés » que s’ils étaient en « bonnes termes » avec leur patron, et si leur patron était en bonnes termes avec le préfet. C’est pourquoi les grévistes ont lutté pour des conditions uniformes pour être « légalisé ».
L’accord prévoit l’application uniforme des mesures suivantes :
* La « régularisation » de tous les sans-papiers qui peuvent démontrer qu’ils ont travaillé pendant 12 des 18 mois précédents, et pendant six des 12 mois précédents ; le travail pour des employeurs différents est pris en compte ;
* La « regularisation » de tous les sans-papiers intérims qui peuvent démontrer qu’ils ont travaillé 310 heures pour la même agence intérimaire, plus une promesse de la part de l’agence de les employer pendant 12 des 18 mois à venir ;
* La « régularisation » de tous les sans-papiers qui font de l’aide à la personne, dont la plupart sont des femmes, sous un permis de travail temporaire pendant qu’elles cherchent une promesse de les employer de la part d’un employeur ;
* La reconnaissance de tous les jours de grève comme jours d’activité salariale ;
* La reconnaissance que tous les 30 métiers que les grévistes exercent sont des métiers où il existe un manque de main-d’oeuvre natif ; et,
* La délivrance de permis de travail temporaire valables pour trois mois à tous les grévistes.
Il est évident qu’au sein de chacun de ces mesures, le patronat retient la capacité de limiter de telles réformes et le pouvoir de les renverser, grâce à leur mainmise sur le pouvoir d’Etat. Les travailleurs sont encore sujets à l’obligation de « prouver » leur histoire de travail par le passé, dépendants des « promesses » des agences de les employer, et doivent fournir la preuve qu’ils séjournent depuis cinq ans en France, parmi d’autres conditions.
Les grévistes se sont opposés à la combinaison d’une preuve d’avoir travaillé et d’une preuve de séjour. Les conditions pour la « régularisation » des travailleurs algériens et tunisiens, qui sont sujets à des lois particulières, et des sans-papiers qui travaillent au noir, restent floues aussi. Alors que certains mesures avantagent les travailleurs dans la « régularisation », ils sont encore loin d’être au même plan que les travailleurs natifs. Et l’application de l’accord sera « surveillé » dans des réunions trimestrielles entre les représentants des syndicats et ceux des ministères de l’immigration de du travail. La lutte continue sur ces questions. Les grévistes devaient tenir une réunion le 20 janvier afin de décider les suites de leur mouvement.
Une fois que l’accord avait mis fin à la grève, un millier de grévistes ont terminé leur occupation, vieille de trois semaines de la Place de la Bastille, en scandant « on bosse ici, on vit ici, on reste ici ! » Xiaoqiu Zheng, une couturière âgée de 52 ans, a expliqué que “en Chine, je n’avais vu que très peu d’Africains. Ici [Place de la Bastille] nous passons beaucoup de temps ensemble. Nous sommes devenus comme des frères et des soeurs ».
Bine sûr, l’idée même que des travailleurs pouvaient être des « illégaux » est un stratagème du patronat. L’étiquette « illégal » rend possible la surexploitation des immigrés. Le patronat veut que son racisme et son nationalisme divise la classe ouvrière en groupes hostiles. Ce n’est que lorsque l’internationalisme des travailleurs détruira le pouvoir d’Etat des patrons par la révolution communiste que des catégoires comme « legal » et « illégal » seront abolies.
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