Le Pillage d’Haïti Dévoilé lors d’un forum organisé par une église

Traduit de Challenge, numéro du 15 décembre 2010

Brooklyn, New York, le 6 novembre – “Pendant qu’il manifestait en faveur de l’éducation pour tous les Haïtiens devant le Ministère de l’Education à Port-au-Prince, un enseignant a été tué par la milice haïtienne ». L’assistance avait le souffle coupé en écoutant la description des détails de l’assassinat.

Comme l’a précisé l’orateur, bien que ce soit une balle tirée par un flic qui a mis fin à la vie de Louis Jean Filbert le 9 octobre, les 200 ans d’impérialisme raciste en Haïti en sont responsables tout autant. Les capitalistes rapaces du monde n’ont jamais pardonné aux Haïtiens de s’être libérés du joug de l’esclavage. Lorsque l’orateur a terminé son discours, il était évident qu’une vision de la catastrophe actuelle comme le simple résultat d’un événement géologique serait sérieusement limitée.

Cet orateur et d’autres participaient à un forum appelé Les Haïtiens abandonnés. 80 personnes y assistaient. Le forum a eu lieu dans la chapelle. Des idées communistes sont présentes dans cette église par le biais de notre groupe dédié à la justice sociale, groupe qui organise des activités comme le forum.

Les gens avaient l’air d’attendre quelque chose au début de l’événement. La communauté haïtienne et les membres de l’église avaient organisé le forum ensemble. L’événement fut un grand succès dans la mesure où la communauté haïtienne y a participé énormément. En fait, il y avait plus de Haïtiens que de membres de l’église, fait qui nous a clairement fait comprendre qu’il nous faut organiser mieux au sein de l’église.

Les orateurs ont également souligné que le peuple haïtien ne cherche pas de la charité, mais l’unité avec leurs frères et sœurs partout dans le monde. La volonté de la part de centaines de membres de la classe ouvrière honnêtes (dont beaucoup de membres du Parti) de se rendre en Haïti devrait nous rappeler un peu la guerre civile espagnole, lorsque des milliers d’ouvriers de partout dans le monde arrivaient en Espagne pour tenter de battre le fascisme.

En Haïti, comme lors de tout désastre « naturel », la conscience de classe et la solidarité des travailleurs se manifestent malgré le cynisme et l’individualisme que le capitalisme déverse sur nous sans arrêt.

Après les deux heures de présentations et de dialogue, l’assistance a partagé un repas préparé par la communauté haïtienne et par les membres de l’église. L’unité multiraciale qu’on y voyait augura du bien pour l’avenir, non seulement de l’église, mais aussi de notre classe. Armée d’idées communistes, la classe ouvrière peut réaliser un avenir d’unité multiraciale.

Lors d’une conversation, un membre de l’église a parlé du fait que 200 ans d’impérialisme horrible avait fait de Haïti l’un des pays les plus pauvres au monde. L’invité, exprimant une énergie positive sans bornes, a répondu : Un meilleur jour viendra. Personne ne supportera cela plus longtemps.

Le repas de paté haïtien, poulet, salade, fruit, fromage et café a mis la conversation sur un plan encore plus profond et amical. Nous continuerons à travailler avec nos frères et sœurs haïtiens et au sein de notre église. Il y a un grand désir des deux côtés de continuer le contact et de résister ensemble à l’impérialisme et au racisme que celui-ci génère. Sur la base de ce forum, nous organiserons un groupe de lecteurs du DEFI au sein de l’église, afin de continuer la lutte.

Lors d’un moment d’effervescence pendant le forum, l’un des orateurs a lancé une expression haïtienne parlant de la libération du peuple. Les applaudissements étaient étonnants. On n’oubliera pas les échos. Ceux qui sont au pouvoir n’ont qu’à en trembler.