Le Business Humanitaire: l’ONU et Haïti au Temps de Choléra

Communication d’une étudiante en Haïti

 Port-au-Prince, le 18 novembre—“Business humanitaire”: autrefois la traite ou commerce des noirs (esclaves); aujourd’hui l’exploitation faite sous d’autres formes … Quand il y a plus de mille morts de choléra sur 17 000 cas déclarés, et quand l’OMS prévoit plus de 270 000 cas dans les mois prochains, qu’est-ce qui explique le silence des ONGs par rapport au choléra, contrairement au séisme?  Où sont aujourd’hui ces milliers de médecins, de secouristes, pendant que des cadavres se multiplient dans les hôpitaux, dans les rues de l’Artibonite, et presque partout dans le pays? 

Haïti devient depuis un bon bout de temps un carrefour important ou même le centre commercial des organisations inter-gouvenementales (USAID, OIM) et non-gouvernementales (OXFAM, ACF).  Cette situation s’est empirée suite au séisme du 12 janvier.  Ce marché devient tellement important et sans doute tellement bénéfique que même les ONGs non connues viennent se faire un nom sur ce coin de terre, au détriment de son peuple tout en profitant de ses malheurs.

L’ONU, pour exprimer son rancoeur et sa déception pour avoir été mise en quarantaine par les forces militaires américaines (environ 20 000) les jours d’après le séisme, pour n’avoir pas été impliquée ou même exclue de ce marché potentiel, s’est déversée sur la population en commettant des actes de violence où les victimes étaient des femmes, des enfants, des jeunes, des syndicalistes, des paysans, des étudiants—bref, toutes les couches de la population sont victimes des barbaries des soldats onusiens.  On apprécie l’audace, le mois de mai passé, de M. Edmond Mulet, chef civil de la MINUSTAH, lorsqu’il affirmait que les élections doivent se tenir le 28 novembre 2010, ne se tenant même pas compte de la réalité d’un million d’haïtiens acroupissant dans une misère atroce sous des tentes.

Après cette déception du post-séisme, après n’avoir pas tiré assez de profit de cette catastrophe naturelle, et après s’être dégonflée sur la population, la MINUSTAH crée aujourd’hui sa propre catastrophe, son propre business, à savoir l’épidémie du choléra.  Pour en tirer du profit, l’ONU fait en sorte que les organisations inernaionales, l’état, et même bon nombre des médias se rangent à ses côtéset se proposent de donne une réponse à cette épidémie, en ce sens que l’ONU se propose de remédier à sa propre épidémie en sollicitant cette coquette somme de $163.8 millions américains.

C’est étonant d’entendre le maire de la commune des Gonaïves sur un média de la capitale défendre la MINUSTAH alors que sa commune est la plus frappée par cette épidémie. Où sont les médias qui se disaient intéressés par cette situation (il y en a qui se sont même déplacés jusqu’à Mirebalais), où sont les enquêtes qui ont été menées, où sont ces journalistes?  Hum…en tout cas ils n’en parlent plus ou du moins presque plus, puisqu’ils sont intégrés dans les différents comités de sensibilisation anti-choléra avec l’état et les ONGs.

Le Centre de Contrôle des Maladies et de Prévention (CDC, Atlanta, USA), après une étude effectuée sur cette épidémie, établit que la souche de la bactérie du choléra découverte en Haïti serait la même que celle retrouvée dans le Sud de l’Asie, et que les premiers cas de choléra en Haïti ont été retrouvés dans la localité Mèy à Mirebalais dans le plateau central, où se situe la base des soldats népalais de MINUSTAH, alors qu’on sait que le choléra est endémique au Népal.  Selon la presse et certaines organisations de droits humains, ces soldats onusiens auraient jeté leurs matières fécales dans les deux principales rivières de la zone qui se jettent directement dans le fleuve Artibonite, ce qui aurait causé la contamination de l’eau du fleuve à partir de la site de la base militaire népalaise. Alors que toutes ces preuves devraient constituer une amorce pour les dirigeants de mener des investigations plus poussées sur l’épidémie afin que tout soit claire pour tout le monde, et d’exiger de la MINUSTAH le dédommagement des familles haïtiennes victimes du cholera partout à travers le pays. Mais les dirigeants des secteurs publics et privés, et les candidats en général, ne se sont presque pas prononcés sur l’épidémie, du moins sur sa source, que nous savons déjà est la MINUSTAH.   Je ne sais pas pour quelle raison: peut être ont-ils peur que leur campagne ne prenne pas fin faute de financement… personne ne sait.

En tout cas ce qui s’avère être une insulte pour les haïtiens, tant en Haïti qu’à l’étranger, et plus particulièrement les masses défavorisées qui sont les plus à être victimes du choléra, c’est de voir des personnalités importantes prendre position en faveur de la MINUSTAH.  Le premier ministre haïtien selon un article du journal Le Monde déclare que ce n’est pas la source de la maladie qui intéresse le gouvernement. Le docteur Alex Larsen, ministre de la santé, déclare selon le NPR : « Quoique les résultats des analyses prouvent que la souche est non-haïtienne, c’est-à-dire importée, il faut reconnaitre que les souches du choléra peuvent circuler d’une région à une autre de la planète en raison des voyages et du commerce ». Le Dr Alex Larsen croit en ce sens que « nous ne saurons jamais la provenance exacte de la souche qui a causé l’épidémie en Haïti ». Le ministre parle de voyage et de commerce tout en oubliant les soldats népalais (porteurs saints) qui viennent de s’installer au bas plateau central. Il ne nous parait pas du tout étonnant, à en croire le journal Haïti Liberté vol. 4 No. 18, la déclaration de la porte-parole du secrétaire général des nations unies Ban Ki-moon, Madame Michèle Montas : «… kòm  yo pa sanble ak nou, yo sanble ak lòt ras, yo pa menm jan ak nou, se pi fasil pou n di se yo olye pou n di se yon lòt. Mwen kwè se enjistis. Mwen kwè tou se dekouraje ministah nan jefò l’ap fè avèk nou pou ede n kontrekare maladi a. Fòk tou nou rekonet travay Ministah ap fè atravè tout peyi a…. »  Je ne sais pas ce que madame Montas dira pour justifier tous les actes crapuleux de la MINUSTAH sur le peuple haïtien au cours des années passées, et ce qu’elle dira de…la “légitime défense.”

Aujourd’hui encore la MINUSTAH, après nous avoir transmit cette poison de choléra, continue à assassiner nos frères dans les rues du Cap-Haitien, du Port-au-Prince et peut être bientôt partout à travers le pays. Le lundi 15 octobre, après avoir constaté la mort de plus de 200 personnes, emportées par l’épidémie du choléra dans la cité capoise, des milliers de manifestants en colère sont descendus dans les rues contre les forces d’occupation qui sont responsables de la propagation de l’épidémie. Bilan de la journée : 2 morts, 16 personnes blessées par balles parmi les manifestants, 6 soldats népalais blessés à coup de pierres… c’est déjà beaucoup pour une première journée: on attend les autres jours puisqu’il y en aura forcément. 

Pour justifier leur crime, le porte-parole de la MINUSTAH déclare qu’ « il s’agit d’un manifestant qui portait une arme et qui a tiré en direction d'un soldat, et le soldat a riposté en légitime défense ». Encore et toujours de la légitime défense…Comment parler de légitime défense alors que la victime a pris une balle dans le dos?  Encore et encore ces mensonges.  Je rêve tellement de ce jour où s’éclatera dans ce pays la vérité de tous les maux où sévissent toutes les peurs, du colonialisme, de l’esclavagisme, de l’occupationnisme américain, du néo-libéralisme, du néo-colonialisme.

Bien que nul ne peut prédire le futur mais… si aujourd’hui encore, malgré cette misère atroce que connait le peuple haïtien quotidiennement, je peux encore voir une fanfare dans la rue un 18 novembre, et qu’est ce qu’ils chantent? « Quand nos aïeux brisèrent leurs entraves, ce n’était pas pour se croiser les bras… l’indépendance est éphémère sans le droit à l’égalité pour fouler heureux cette terre; il nous faut la devise austère : Dieu, le travail, la liberté ». Ensuite l’hymme nationale qu’ils chantaient avec fermeté et grandeur d’âme… je sais qu’il existe encore à travers cette population maltraitée, délaissée, ce sentiment de dignité humaine. Et je sais que la révolution est encore possible: peuple haïtien, vous qui avez le sang de Dessalines dans votre sang, nous qui avons fait l’indépendance et qui avait créé la liberté, nous qui avons été le premier cri de dignité d’une Amérique qui s’efforçait d’obtenir son indépendance, je suis sure qu’aujourd’hui, on peut encore le faire… AU NOM DE NOS ANCETRES, DESSALINES, PETION, CHRISTOPHE, CAPOIS, MARIE JEANNE, SANITE BELAIR CLAIRE HEUREUSE…… QU’ILS S’EN AILLENT CES ESCADRONS DE LA MORT, CES FORCES ASSASSINES DES NATIONS UNIES…..

AU NOM DE PAPA BOUKMAN :

BOUKMAN OOO

NAN BWA KAYIMAN

NOU NONMEN NON W NOU PA DETOUNENW

NAN BWA KAYIMAN

PAPA BOUKMAN OOO NOU WE ASE

PAPA BOUKMAN OOO

NOU RIVE NAN TOBOUT OO

PEYI NOU DIVIZE LAFANMIY DOZADO

NOU PA TE FE BWA KAYIMAN POU N SEVI LETRANJE !!!!                                                                                                                                                                                                                                 

 NOU PA TE FE BWA KAYIMAN

 POU MINISTA LAME PEPE AP TOUYE NOU………