La Nouvelle Orléans, le 10 décembre 2005. « On ma déplacée à quatre endroits différents depuis le passage de Katrina. Maintenant, jhabite avec beaucoup dautres un hôtel au centre-ville de la Nouvelle Orléans. On dit quon va nous expulser bientôt, et je ne sais pas où nous irons. »Loratrice, qui a la cinquantaine, se tient devant la Mairie. Cest la fin dun rassemblement qui clôt le défilé de protestation organisé ce 10 décembre par lAssistance populaire pour les victimes de louragan (Peoples Hurricane Relief Fund ou PHRF). Un autre natif de la ville, lui aussi sans domicile, dit : « Ce que nous allons probablement faire, jusquà ce quils trouvent un endroit pour nous loger, cest entrer dans cette Mairie et y faire du camping, à même le sol. Si cette ville ne veut pas faire quelque chose pour aider les gens, ils vont être obligés de mettre plein de monde en état darrestation. Ils vont être obligés de construire beaucoup de prisons. »
Environ 1 200 survivants de louragan Katrina et leurs partisans de la côte du Golfe du Mexique et de partout aux Etats-Unis ont défilé derrière une grande bannière rouge sur laquelle on pouvait lire : « Dun sentiment dintense indignation à laction ; la Justice après Katrina : Cest le peuple qui doit décider ». Une fanfare a donné de lentrain aux manifestants, qui se sentaient plus forts et plus déterminés à mesure quils avançaient.
Les passants, enthousiasmés, ont salué la manifestation, dansant, applaudissant, criant, et klaxonnant. Bien quil ny eût pas grand monde dans la rue, le peu de gens qui y étaient se sont joints au défilé. Lun dentre eux, survivant de louragan, a dit en se joignant au défilé : « Il faut bien entreprendre quelque chose, autant le faire tout de suite ! »
Fort et distinctement, les manifestants ont scandé des chants comme « Moi, je suis de retour, toi, tes de retour, disons au maire Nagin que nous sommes tous de retour ! » et « Que voulons-nous ? Des logements ! Quand les voulons-nous ? Tout de suite ! ». Les membres du Progressive Labor Party ont mené des chants comme « FEMA, menteur, nous vous mettrons le feu au cul ! » et « La seule solution, cest la révolution communiste ! ».
Au rassemblement, les orateurs ont condamné le gouvernement à tous les niveaux pour la terreur raciste éprouvée par les victimes de louragan et ont établi le rapport entre ces actions meurtrières et la guerre en Irak. Les survivants ont encouragé les habitants de la Nouvelle Orléans à reprendre leurs maisons. Les militants de base qui ont organisé la manifestation ont interdit la tribune aux hommes politiques et aux orateurs vedettes.
La veille du défilé, environ 500 survivants et militants se sont réunis à Jackson dans le Mississippi afin délaborer dautres actions de lutte pour les droits des personnes principalement des travailleurs pauvres et noirs que la classe dirigeante a déplacées depuis le passage de louragan. La vigueur et lengagement de tous les jeunes membres du PHRF étaient une inspiration. Ces jeunes, qui appartiennent à toutes les races, voient dans les événements produits par louragan Katrina le début dun nouveau mouvement anti-raciste. Ils se sont battus pour formuler le calendrier et les exigences du mouvement, et les voix des survivants ont été entendues dans les ateliers.
Mais les nationalistes et les révisionnistes (les pseudo gauchistes) se sont bien battus aussi, afin de diriger et de contrôler le mouvement. Le nationalisme, cest le même message partout dans le monde : « Suis-moi parce que je te ressemble ou parce que je parle comme toi. Déteste ces autres gens et oublie quils sont des travailleurs opprimés, tout comme toi. Suis-moi dans ma lutte afin que je prenne ma part du gâteau capitaliste ». La classe dirigeante des E-U utilise cette idéologie nationaliste pour persuader les travailleurs de se battre et de mourir dans leurs guerres. Le nationalisme empoisonne tout mouvement qui vise à combattre le racisme.
Les membres du Progressive Labor Party ont beaucoup appris et étaient très émus en voyant de leurs propres yeux la dévastation de la Nouvelle Orléans. Le contenu des maisons gît dans les rues, attendant dêtre ramassé, et des arbres se penchent contre les lignes à haute tension, et on voit peu de monde dans les artères principales. Mais le quartier français a lair indemne, et les gens de la classe moyenne qui y habitent sen vont acheter du sushi à lépicerie du coin comme dhabitude. Quelques rues plus loin, les quartiers noirs sont privés délectricité ; même les lampadaires et les feux de signalisation sont éteints. Dans les quartiers plus riches, lélectricité est déjà rétablie.
Nous avons distribué nos tracts communistes et avons partagé nos idées communistes avec beaucoup de monde lors de la conférence et de la manifestation. Nous avons échangé nos numéros de téléphone avec des survivants de louragan, qui sont complètement dégoûtés par ce système et qui sintéressent à des idées révolutionnaires. Nous avons indiqué aux élèves de lycée et aux étudiants qui sont venus aider les victimes de louragan Katrina que la seule solution au racisme, cest le communisme. Nous avons lintention de continuer à travailler avec les membres de ce mouvement.
Lattaque raciste contre les travailleurs noirs à la suite de louragan Katrina a peut-être changé la donne en ce qui concerne la lutte de classe aux E-U. Etant donné la guerre impérialiste en Irak et la réduction au minimum du niveau de vie des travailleurs aux E-U, la Nouvelle Orléans peut devenir le symbole qui déclenchera un mouvement anti-raciste. Tous les lecteurs de Challenge-Desafio-Le Défi devraient faire ce quils peuvent pour se rallier à la lutte des victimes de louragan Katrina et pour les soutenir.