GM et Delphi ont déclaré la guerre aux travailleurs

Ce qui est bon pour les patrons signifie la mort pour les ouvriers de l’industrie automobile.

« Tout simplement, les avantages non salariaux exorbitants et les contraintes pénibles prévus dans les conventions collectives existantes nous coûtent désormais trop cher. Ils diminuent notre compétitivité. » Voilà la leçon-éclair en instruction civique que le PDG de l’équipementier Delphi vient de donner aux journalistes du New York Times. En expliquant pourquoi le premier équipementier américain (et deuxième mondial) a décidé de se placer sous la protection de la loi sur les faillites, il a montré comment les patrons utilisent leurs tribunaux et leurs lois pour maintenir leur dictature sur la classe ouvrière.

Cependant, la veille du dépôt de bilan, Delphi a augmenté l’indemnité de départ que la société entend payer à ses 21 dirigeants, « afin de prévenir l’explosion de l’équipe de direction ». Cette même équipe a récemment vu le limogeage des ses membres les plus encombrants, éclaboussés par un scandale de comptabilité encore en cours d’être instruit.

Cette faillite retentissante, la plus importante de l’histoire de l’industrie automobile aux E.-U., souligne une aggravation de la crise qui met en danger les acquis sociaux de 70 ans : les augmentations de salaire, les prestations maladie, les retraites, la réglementation du travail et les protections contre le chômage que des générations de travailleurs ont obtenues au cours d’âpres luttes. Cette faillite montre que, tant que les patrons détiendront le pouvoir politique, aucun travailleur ne sera à l’abri.

* Cette faillite reflète l’affaiblissement de l’industrie automobile américaine sur son marché intérieur, où elle est de plus en plus concurrencée, surtout par Toyota, Honda, et Nissan.

* Cette faillite participe à la course mondiale vers le bas, qui oppose les travailleurs des E.-U. à leurs frères et leurs soeurs au Mexique, en Chine, et dans d’autres pays où la main d’oeuvre est bon marché.

* Delphi fabrique les pièces détachées utilisées dans environ 75 millions de voitures et de camions, mais en 18 mois la société a enregistré 5,5 milliards de dollars de pertes. Le constructeur General Motors, son premier client, représente la moitié du chiffre d’affaires de Delphi, et ce sont les problèmes de G.M. qui ont fait plonger le fournisseur.

* Le dépôt de bilan de Delphi pourrait entraîner celui de son ancienne maison mère, G.M. La direction de Delphi entend cesser le paiement des prestations maladie et de l’assurance vie à ses 12.000 retraités, qui — jusqu’à ce que Delphi soit scindé du groupe G.M. en 1999 — étaient employés par ce dernier. G.M. a pris l’engagement de payer ces prestations en cas de faillite de son ancienne filiale, et G.M. sera peut-être tenu de payer près de 11 milliards de dollars aux retraités. Alors que G.M. s’était engagé dans une lutte acharnée pour obtenir des concessions de ses fournisseurs et du syndicat United Auto Workers Union, et que cette lutte venait de porter ses premiers fruits, puisque le syndicat vient d’accepter une baisse de 1 milliard de dollars dans les prestations médicales versées aux salariés et aux retraités.

* Toute réduction de salaire ou d’avantage non salarial que le syndicat acceptera de la part de Delphi pèsera inévitablement sur les négociations salariales avec G.M., Ford et Chrysler, qui devront débuter en 2007.

Déjà, la sidérurgie et les grandes compagnies aériennes ont subi une restructuration féroce. Les contradictions du capitalisme — dont l’enlisement dans la guerre impérialiste en Irak, et le cruel racisme, révélé aux yeux du monde par le désastre provoqué par l’ouragan Katrina, ne sont que les exemples les plus éclatants — continuent à opérer, et provoquent maintenant cette crise dans l’industrie automobile. Ces mêmes contradictions poussent toutes les puissances impérialistes vers le fascisme et la guerre mondiale. Pour la classe ouvrière, partout dans le monde, la seule solution, c’est l’organisation d’un Progressive Labor Party de masse et l’organisation d’une révolution communiste !