le 11 novembre 2005

Le racisme et le capitalisme vont ensemble.

Soutenons les rébellions anti-racistes en France !

Les rébellions en France montrent que, partout dans le monde, le racisme fait partie intégrante du capitalisme. Les dirigeants français, comme ceux des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, se servent du racisme afin de surexploiter une partie de la classe ouvrière et de semer la discorde entre les travailleurs. Nous vivons une période de guerres impérialistes interminables, de terrorisme raciste policier, et d’une colère croissant parmi les travailleurs et les jeunes. Ce qui manque, c’est le leadership communiste révolutionnaire. Beaucoup de travailleurs et de jeunes exigent ce leadership. Aujourd’hui, la construction d’un mouvement communiste révolutionnaire international de masse est plus important que jamais. Ce qui suit est un rapport sur les rébellions anti-racistes dans les banlieues populaires de France. Soutenons la lutte contre le racisme de Clichy-sous-Bois à la Nouvelle Orléans (les suites de l’ouragan Katrina) à Toledo dans l’Ohio (où les habitants d’un quartier populaire ont eu recours à la force pour empêcher un défilé neo-nazi).

Clichy-sous-Bois, la France. Population : 28.000. Une patrouille de police s’arrête et interpelle neuf jeunes ; six sont arrêtés. Trois adolescents s’enfuient. Deux se cachent dans un transformateur EDF et meurent, électrocutés.

Selon la police, les jeunes ont été interpellés à cause d’un vol sur un chantier. C’était un mensonge. La police affirme ne pas avoir poursuivi les jeunes qui se sont sauvés. Cependant, un échange surpris entre policiers par talkie-walkie semble indiquer que c’est encore un mensonge.

Les deux morts — et les mensonges sur les circonstances de ces morts — étaient l’étincelle qui a déclenché plus de deux semaines de rébellions dans les cités près de Paris et des autres grandes villes françaises. Mais la cause sous-jacente était des décennies d’abandon raciste des cités, de négligence raciste dans le système éducatif, de discrimination raciste dans l’emploi.

Trois millions de personnes sont mal-logées. Le déficit de logements est actuellement estimé à 600.000. Pour y remédier, le Conseil économique et social estime qu’il faudrait construire 120.000 logements sociaux par an. En 2002, on en a construit 40.000. Personne n’ignore le problème. Un sondage réalisé par la Sofres en novembre 2003 indique que 68 % des Français connaissent dans leur entourage des personnes confrontées à des difficultés de logement.

Source : Fondation Abbé Pierre

Tout le monde sait que les immigrés et leurs enfants nés en France subissent les pires conditions en ce qui concerne le logement. Toutes les personnes qui sont mortes dans les incendies de vieux immeubles à Paris cet été étaient noires.

Tandis que 63,7% des élèves de nationalité française obtiennent le baccalauréat, la proportion tombe à 46,9 % pour les élèves étrangers.

Source : Observatoire des Inégalités

Mais le problème le plus grave, c’est peut-être celui de la discrimination raciste dans l’emploi.

En 2003, chez les hommes de 15 à 59 ans, le taux de chômage était de 8,8 %, dans les zones urbaines sensibles il était de 18,8 %. Pour les 30-39 ans, en 1999, le taux de chômage parmi les Vietnamiens, Laotiens et Cambodgiens était de 26,4 % ; parmi les Maghrébins et Turcs, de 31,6 % à 37,3 % ; parmi les autres nationalités de l’Afrique, 36,8 %. En 2002, parmi les jeunes Français de 15 à 24 ans, le taux de chômage était de 19,9 % ; chez les étrangers non-UE, il était de 36,6 %.

Source : Observatoire des Inégalités

C’est ce racisme dans le logement, l’éducation et l’emploi qui est la véritable cause de la rébellion qui secoue la France aujourd’hui.

Mais les rébellions de novembre 2005 ne représentent pas un retour aux grèves et rébellions de mai 1968, même si c’est la comparaison qui vient à l’esprit du Président Jacques Chirac, qui a l’air sonné et dépassé par les événements. (Le réactionnaire ministre de l’intérieur, Nicolas Sarkozy, n’est que trop content d’occuper le vide politique.) Les rébellions actuelles ne menacent pas l’état bourgeois parce qu’il n’y a pas de leadership révolutionnaire pour diriger la colère des jeunes contre leur véritable ennemi, le patronat qui tire des bénéfices de ce système raciste. Evidemment, ce manque de leadership révolutionnaire n’est pas la faute des jeunes rebelles. C’est plutôt celle des dirigeants conservateurs des syndicats et celle des soi-disant « partis de gauche ».

Lorsque le gouvernement de droite de Dominique de Villepin a exhumé la loi sur l’état d’urgence  qui date de la guerre impérialiste d’Algérie — afin de imposer un couvre-feu et de permettre des raids policiers et des perquisitions sans mandat, tout ce que le premier secrétaire du parti « socialiste » a trouvé à dire, c’était que « nous serons évidemment vigilants sur l’application de cette mesure, qui ne peut être qu’exceptionnelle, limitée dans le temps et dans l’espace. » Autrement dit, le couvre-feu ne lui pose pas de problème tant que ce n’est pas chez lui !

Quant à Marie-George Buffet, dirigeante du parti « communiste », elle a fait part de ses doutes sur l’applicabilité du couvre-feu !

Tandis que les « leaders de la gauche » tournaient autour du pot, l’aile droite de ces partis s’exprimait avec franchise. Le maire « socialiste » de Noisy-le-Grand, Michel Pajon, a demandé au gouvernement d’envoyer l’armée afin de mater la rébellion. Et le député « communiste » du Rhône a pris la parole à l’Assemblée le 2 novembre pour soutenir l’effort du gouvernement de « nettoyer au karcher les mafieux et tous ceux qui pourrissent la vie et nos quarties ». Le ministre de l’intérieur l’a remercié d’un chaleureux « Merci André » !

Entre-temps, les leaders religieux essaient de venir en aide au gouvernement. L’union des organisations islamiques de France a lancé un fatwa promettant aux jeunes la « grâce divine » s’ils « calmaient leur colère » — bien que l’un des proches du recteur de la Mosquée de Paris ait admis au Canard enchaîné que « nos imams ne contrôlent rien » !

Avec de tels « amis », les jeunes des quartiers populaires n’ont pas besoin d’ennemis !

Mais ce serait une erreur de croire que ces leaders religieux et ces politiciens racistes sont autres que de simples exécutants. Le racisme sévit dans le logement, dans l’éducation et dans l’emploi parce que le système capitaliste en a besoin. Dans tous les pays, sous tous les cieux — de la Nouvelle Orléans aux banlieues français — le capitalisme a besoin d’une catégorie de travailleurs sur-exploités. Il a besoin d’un groupe qui subit une discrimination à cause de sa race, de sa religion, ou de son pays d’origine, et cela pour deux raisons principales : le racisme permet au patronat de faire des sur-bénéfices, et il sème la discorde entre les travailleurs.

Ainsi, le gouvernement français a exhumé cette loi datant de 1955 afin d’imposer un couvre-feu dans les cités populaires. Pourtant, on n’a pas eu recours à cette loi en mai 1968, et depuis 1968 on ne l’a utilisée qu’en Nouvelle-Calédonie en 1984. Que se passe-t-il ?

La classe dirigeante française — comme celle de tous les pays impérialistes du monde — se tourne de plus en plus vers des mesures d’état policier afin de discipliner la société. Et le pire est encore à venir.

Comme d’habitude, la « gauche modérée » se montre le pire ennemi de la classe ouvrière. La députée « socialiste » des Deux-Sèvres, Ségolène Royale, prône le rétablissement du service militaire comme seul moyen de « cadrer » les jeunes révoltés. Mais ce qu’elle a vraiment en tête, c’est d’utiliser ces jeunes comme chair à canon dans les guerres impérialistes qui pointent à l’horizon.