Traduit de Progressive Labor magazine, Volume III, No. 5, mai, 1964 page 16

La fête du travail, 1964

par Milton Rosen

La fête du travail 1964 trouve les travailleurs des E-U, noirs et blancs, engagés dans une lutte contre les patrons états-uniens. Une lutte plus dure qu’aucune lutte des derniers vingt-cinq ans. Malgré le charabia du président Johnson, qui raconte que le « plein emploi » sera réalisé dans un futur proche, aujourd’hui, des dizaines de millions de travailleurs et de travailleuses dans ce pays sont, soit au chômage, soit sur le point d’être licenciés, soit en train de se demander anxieusement dans combien de temps ils seront licenciés. Et quels que soient les soucis du travailleur blanc aujourd’hui, le travailleur noir les avait hier, et tout nouveau chômage qui pourrait frapper le travailleur blanc demain a déjà frappé le travailleur noir aujourd’hui.

Il existe beaucoup d’indices qui indiquent que la résistance de la classe ouvrière grandit – malgré quelques reverses immédiates – et cette résistance formera la fondation d’une contre-offensive qui, inévitablement, amènera les travailleurs de ce pays à lutter pour le pouvoir d’Etat contre la classe dirigeante. On peut voir quelques exemples de cette résistance grandissante – la lutte pour des emplois et pour la liberté – dans ce numéro de Progressive Labor.

Craignant ces conscience et résistance croissantes parmi le peuple, les cercles dirigeants des riches et leurs marionnettes à Washington ont trouvé un slogan astucieux : « La Guerre Contre la Pauvreté. » Si l’on juge d’après les faits et non pas des paroles, ce slogan devrait être « La Guerre Contre les Pauvres. »

Le dernier exemple de cette « Guerre, » c’est le règlement de la crise ferroviaire par le gouvernement Johnson. L’intervention « sans parti pris » de Johnson a abouti à un « accord » qui prévoit le licenciement immédiat de 58 000 cheminots, le licenciement à terme de 200 000 cheminots de plus (en comptant les fusions), et qui établit un précédent justifiant l’élimination de centaines de milliers de postes dans d’autres industries !

Ajouter à cela la persécution accrue de James Hoffa par Johnson et Kennedy – persécution qui en fait vise le syndiqué de base du syndicat des camionneurs, et ultimement les adhérents de tous les syndicats – et on a une image claire de ce qu’ils envisagent pour le travailleur dans ce pays.

Entre-temps, les bénéfices s’envolent. General Motors a révélé à quel point la Guerre Contre la Pauvreté avance : « seulement » 536 000 000 de dollars de bénéfices au premier trimestre de 1964, après les impôts – le plus grand chiffre jamais réalisé. Le chômage, la discrimination raciale légale et la guerre n’ont certainement pas fait du mal à General Motors.

La « Guerre Contre les Pauvres » ne se limite pas à des licenciements et des poursuites judiciaires lancées contre des syndicalistes militants. L’utilisation croissante de la terreur contre les combattants militants pour des droits civiques en fait partie aussi. Le gouvernement fédéral dévoile son véritable rôle en tant qu’allié des Dixiecrats et ennemi des Noirs. Et le gouvernement « progressiste » de la ville de New York se surpasse afin de rester à la hauteur de Nashville et de Birmingham en ce qui concerne les toutes dernières techniques d’oppression.

En même temps, le gouvernement Johnson veut bien sacrifier presque n’importe quel nombre de vies (d’autres personnes) pour répandre cette « liberté » sur un monde « arriéré. » En Asie, Washington déverse davantage d’hommes et d’argent dans sa guerre de génocide au Vietnam du Sud, et maintenant a renversé le gouvernement neutraliste de Laos dans une tentative désespérée de rallier ses forces asiatiques, en vue d’une guerre ouverte contre la Chine.

En Amérique latine, les guerriers de Washington ont suivi le même genre d’approche : partout où un gouvernement neutraliste ou progressiste fait son apparition, s’en débarrasser – El Salvador, l’Equateur, la République dominicaine, le Honduras, et maintenant le Brésil. Cette cavalcade de coups d’état est conçue – comme ceux en Asie – pour mettre les bellicistes des E-U dans une position où ils peuvent s’attaquer au Cuba. Les survols illégaux d’avions espions au-dessus de Cuba sont les derniers et les plus cyniques de toutes les actions cyniques et agressives commises par ce pays contre cette île révolutionnaire.

De cette manière, avec la bible, la baïonnette et les bombes de napalm, les Etats-Unis enseignent au monde entier la « liberté » telle qu’on l’a conçoit à Birmingham. Mais l’ancien temps de l’impérialisme est terminé. Les peuples de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique latine n’attendent plus pour être massacrés. Et dans ce pays, aussi,

LE PEUPLE RESISTE.

* L’activité des adhérents de base augmente dans les syndicats, défiant les faux leaders syndicalistes (voir notre article sur les chemins de fer). Hoffa et ses alliés résistent, et se refusent de jouer les morts. Les mineurs du Kentucky élargissent leur organisation.

* Les combattants de la liberté font monter les enchères, cherchant des formes plus militantes de lutte, y compris l’autodéfense armée. Malcolm X donne aux Noirs le sentiment d’un pouvoir nouveau en les identifiant comme faisant partie de la majorité des gens dans le monde qui lutte contre l’impérialisme des E-U. De plus en plus de leaders noirs finissent par voir dans le gouvernement fédéral leur ennemie. Le nombre de manifestations augmente.

* Des étudiants et des jeunes partout dans le pays organisent des Comités du 2 Mai, et des milliers participent à des actions pour arrêter la guerre des E-U au Vietnam. Le peuple américain en a marre de la guerre. Un mouvement puissant, mené par des jeunes, peut jouer un rôle décisif et obliger Washington à se retirer.

* Malgré quatre mises en accusation, le harcèlement par le FBI, et la saisie des courriers, on prévoit un deuxième voyage d’étudiants au Cuba en juillet.

* Lorsque le House Un-American Activities Committee, soutenu par Johnson, vient à Buffalo, il est chassé de la ville par un public furieux.

* Le plus important de tout, un mouvement révolutionnaire nouveau croît dans ce pays, qui comprend ou travaille avec beaucoup des meilleurs éléments de tous ces mouvements. Dans la ville de New York, CHALLENGE (LE DEFI), un nouvel hebdomadaire révolutionnaire sera publié, parlant au nom des travailleurs de cette ville, suivant leur vie quotidienne et aidant à mener les luttes quotidiennes. Et, en tant que journal officiel du Progressive Labor Movement, il enseignera, militera et fera campagne pour accélérer et renforcer la lutte pour le socialisme aux Etats-Unis.