Les Élections Ne Finiront Pas La Boucherie Impérialiste

- Challenge-Desafio 16 fevrier 2005

Les éléctions du 30 janvier en Irak ont été saluées comme une "victoire" pour la stratégie de guerre des Etats-Unis et pour son idée de la démocratie. On nous montre les Irakiens votant par famille entière afin de «mettre le terrorisme au défi»

Eh bien, beaucoup d’Irakiens ont en effet voté —principalement des Chiites obéissant aux ordres de leurs chefs religieux et des Kurdes espérant une autonomie d’une sorte ou d’une autre (autonomie qui aurait pour onséquence possible une incursion turque) et espérant obtenir le contrôle des gisements pétroliers de leur territoire. Mais il reste un fait incontestable que les lections capitalistes sont en général une farce. En Irak, elles sont encore plus ridicules, puisqu’elles ont lieu au milieu d’une rebellion, d’une occupation, et des bombardements anglo-américains qui sont encore plus dévastateurs que celle des opérations Shock (choc) et Awe (crainte respéctueuse).

Les dirigeants américains veulent que ces élections servent de justification à leur guerre contre l’Irak et à leur occupation du pais, mais «Malgré l’exaltation, les élections ne gagneront peut-être pas beaucoup de soutien international pour le programme américain, n’assureront peut-être pas un gouvernement bien disposé à Bagdad, et n’empêcheront peut-être pas une extension de la lutte intestine," dit le journal Los Angeles Times le 31 janvier.

"Même avec la bénédiction des autres pays, il est peu probable que le vote incite les puissances européennes et arabes — qui sont très réticantes — de faire grand chose sur le terrain pour soutenir l’effort américain disent les diplomates. La veille du vote, le premier ministre français Jean-Pierre Raffarin a répété que la France souhaitait le retrait de toutes les forces étrangères de l’Irak, et deux anciens ministres des affaires étrangères britanniques, Douglas Hurd et Robin Cook, ont argumenté en faveur d’une retraite des forces américaines et britanniques. La semaine dernière, le sénateur Edward Kennedy a dit que l’on devrait commencer immédiatement la retraite progressive des troupes américaines."

Beaucoup de Chiites ont voté, non seulement sur des ordres provenant de leur chef religieux, Al-Sistani, mais aussi afin de mettre fin à l’occupation et à la violence qui les touche dans leurs vies quotidiennes.

Ils désirent peut-être changement pour le mieux dan la vie, mais "... le projet américain pour l’Irak n’a jamais était l’introduction de la démocratie. Le projet américain, c’est de contrôler les gisements de pétrole de l’Irak, gisements énormes et qui n’ont pratiquement pas été exploités et l’extension de la possibilité d’intervention militaire dans la région. ‘Il faut imaginer l’Irak en termes d’une base militaire avec un gisement pétrolier en-dessous, on ne peut en demander mieux, ‘» a dit l’analyste du marché pétrole de Wall Street Fadel Gheit à Linda McQuaig du journal Toronto Star le 30 janvier.

Afin de contrôler tout ce pétrole, les dirigeants américains versent des rivières de sang, celui de plus de 1 400 soldats américains aussi bien que celui de milliers d’Irakiens, dont beaucoup sont des civils innocents.

Sous pression gouvernementale, le programme Panorama de la BBC est revenu sur un rapport du 30 janvier qui indiquait que, dans les six derniers mois, plus de 2 000 civils ont été tués sciemment par les forces d’occupation

et leurs fantoches irakiens, tandis que des rebelles ont tué 1 200. Les chiffres, qui proviennent des hôpitaux publics, n’incluent pas les morts parmi les rebelles.

Cependant, les véritables chiffres sont encore pires, comme le journal de la société médicale britannique, Lancet, l’a indiqué, estimant que le nombre de morts de civils pourrait atteindre les 100 000, si l’on prend en compte l’effondrement total du système médical irakien et la propagation de maladies qui en résulte.

Dans un discours prononcé le 30 janvier, l’écrivain new-yorkais Seymour Hersh a indiqué que les Etats-Unis "bombardent systématiquement [l’Irak] ... Il n’y a pas de défense aérienne. C’est tout bonnement un massacre.... Afin de tenir des élections ... les bombardements sont essentiels ... on est en train de transformer l’Irak en zone ou tout devient cible ... S’attaquer à tout, tuer tout. J’ai un copain dans l’Armée de l’air, un colonel, qui avait la responsabilité désagréable de planifier les bombardements des villes ...

"Je lui ai téléphoné ... et il a pris le téléphone et a dit ‘Bienvenue à Stalingrad.’"

Le baratin des dirigeants américains et des médias américains qui accompagnent les forces américaines, disant que les élections représentent "un tournant" nous rappelle qu’on avait dit la même chose quand la statue de Saddam Hussein est tombée (une opération mise en scène par la branche opérations psychologiques de l’armée américaine); quand Bush a aterri sur le porte-avions Lincoln (suggérant que «la guerre est terminée»); et lorsque Saddam Hussein a été fait prisonnier. La guerre continuera et pourrait s’étendre à l’Iran si les dirigeants iraniens emploient leur influence sur les Chiites irakiens afin de devenir les vrais gagnats de la farce du 30 janvier.