Translated from Challenge, June 17, 2009, page 5 

Traduit de Challenge, le 17 juin 2009, page 5 

France : l’unité anti-raciste et un leadership rouge pourraient renvoyer les vendus.  

PARIS, le 28 mai — Si vous avez cligné des yeux, vous avez probablement raté la journée nationale de mobilisation organisée il y a deux jours par le mouvement syndical français. La vitrine en était la grève ferroviaire à l’appel de quatre syndicats, à laquelle seulement 25 % des cheminots ont participé, contre 41 % lors de la dernière grande grève, le 19 mars. Le 26 mai, entre 50 % et 75 % du trafic TER, Transilien et TGV était normal. 

Les syndicats n’ont pas appelé à la grève nationale dans les autres secteurs, et n’ont appelé qu’à quelques grèves régionales, associées à un appel peu enthousiaste à des manifestations ouvrières sans grève ; par conséquent les manifestations étaient petites. La plus grande, celle de Marseille, a réuni 15 000 manifestants, contre 300 000 le 19 mars. 

Après la récente vague de séquestrations de patrons par des travailleurs en colère, on aurait pu s’attendre à des actions plus importantes. Les incitations à manifester ne manquent certes pas : 

      • Le chômage monte en flèche et pourrait atteindre officiellement 4,4 millions de chômeurs à la fin de cette année, auxquels s’ajoutent 2,8 millions de personnes qui veulent travailler mais qui ont abandonné la recherche active d’un emploi. Dans une population active potentielle de 31,1 millions de personnes, cela signifie que l’actuel taux réel de chômage de 20 % pourrait atteindre 23 % d’ici le Nouvel An. 

      • A cause du racisme, ces taux se dédoublent parmi les travailleurs noirs et arabes. Une étude de l’Insee de 2007 indique que le taux de chômage est deux fois plus important parmi les travailleurs immigrés, dont beaucoup sont d’origine africaine ou arabe. (En France, il y a 4,9 millions d’immigrés de la première génération, et 2,3 millions de la seconde génération. 

      • Six millions de personnes survivent grâce au RMI. Au moins 1,5 millions n’ont pas de logement propre, et vivent avec la famille ou des amis, dans des logements prêtés, dans des abris de fortune, ou dans la rue. Le 26 mai, Frédéric Lefebvre, le porte-parole du parti de droite UMP, majoritaire, a insulté l’ensemble des travailleurs en proposant une loi pour « donner aux travailleurs le droit de travailler chez eux  » lors d’un congé de maladie ou de maternité ! 

Mais les travailleurs ne veulent plus perdre une journée de salaire pour des grève symboliques de 24 heures, qui ne font peur ni aux patrons, ni à leur gouvernement. Hier, les huit confédérations syndicales ont rencontré les représentants du Medef. Au lieu d’entamer des discussions sérieuses, les patrons ont demandé des interruptions de séance totalisant trois heures et demie, pour finalement accorder une discussion sur « la gestion sociale des conséquences de la crise économique sur l’emploi » d’ici deux semaines. 

On est très loin du plateforme syndical adopté le 25 mai, qui exige une augmentation salariale, un accès facilité aux indemnités de chômage, une « nouvelle donne » dans la répartition et la redistribution des richesses produites par le travail, des emplois stables pour les jeunes, et l’amélioration des droits syndicaux. L’affirmation aujourd’hui par la CGT que « l’ampleur et l’unité de la mobilisation des salariés a ébranlé le patronat » sonne faux. 

La CGT affirme que la réussite des mobilisations n’est pas un jeu de chiffre, citant la diversité des formes de protestation – tractage, manifestations ciblant les préfectures et chambres de commerce, les barbecues et pique-niques – comme « indication » que le mouvement de protestation s’élargit. D’après la CGT, des centaines de milliers de travailleurs – qui n’auraient pas participé dans des manifestations et grèves traditionnelles – se sont joints à ces actions. Ainsi, le 26 mai est censé être un tremplin pour une journée de mobilisation plus importante le samedi 13 juin. Mais, de nouveau, il n’y aura pas de grève nationale – seulement des « protestations ». 

Une retraite stratégique n’est pas une mauvaise chose si elle rend possible des avancées ultérieures. Les syndicats prétendent que les licenciements annoncés pour l’été et l’arrivée massive de jeunes bacheliers sur le marché du travail en automne créeront « une masse critique » de mécontentement ouvrier. Cependant, le prolongement de la lutte pendant cinq mois risque de décourager et de démobiliser la classe ouvrière. 

Il est probable que les charlatans qui dirigent les syndicats appelleront à d’autres grèves symboliques de 24 heures à l’automne. Le 27 mars 2007, François Chérèque, le vendu qui dirige la CFDT, a répondu en ces termes à une question, posée par le cercle de patrons ETHIC, à propos de la sous-traitance : « prenez Airbus [par exemple]. À vous je le dis : l'État n'a pas à mettre un sou. Il faut faire à Airbus ce qui a été fait à Boeing ! Augmenter et développer la sous-traitance et mettre tout cela en concurrence. »  (Riches et presque décomplexés, par Jacques Cotta, p 125.) 

Tant que ces traîtres gèrent les affaires, les manifestations et grèves seront des écoles de cynisme et de découragement. Ces hâbleurs qui dirigent les syndicats limitent tout à des actions symboliques inoffensives, qui permettent aux travailleurs de se défouler. Les travailleurs en France et partout dans le monde doivent développer un leadership communiste et organiser des actions musclées qui unissent tous les travailleurs, noirs, arabes et blancs, autochtones et immigrés. Cela aidera à transformer la lutte de classe en école de communisme.